Créatrice du média en ligne Kunafoni (que Samsa Africa a accompagné) et membre fondatrice du l’Association des professionnels de la presse en ligne au Mali, Hawa Togola Séméga a succombé lors de son accouchement à Bamako. C’est une figure importante des nouveaux médias qui disparaît en Afrique francophone.

La nouvelle est tombée de Facebook provoquant l’incrédulité de toutes celles et tous ceux qui ont connu Hawa Togola Séméga. Elle est morte lors de l’accouchement de son 3e enfant à Bamako au Mali. L’enfant n’a pas survécu.

Avec elle, c’est une consoeur mais c’est aussi une amie qui disparaît. Elle formait avec son mari, Tidiani Togola, un couple exemplaire de ce qu’un pays comme le Mali peut proposer de meilleur pour aider le pays à sortir des ornières dans lesquelles il s’enfonce.

Elle était journaliste, créatrice d’un média innovant et acharnée à défendre la presse en ligne. Il est l’une des figures de proue des civic tech en Afrique francophone. A eux deux, ils incarnent la volonté d’un renouveau de la presse et de la participation citoyenne dans un pays agité pas les épreuves de force.

Hawa aimait qu’on l’appelle Eve. Et toute son équipe de Kunafoni avait adopté ce prénom. Elle était à l’origine de ce média original qui traite l’actualité et les débats les plus sérieux sous forme de rap en français et en bambara.

C’est pour développer les compétences vidéo de l’équipe Kunafoni que nous nous sommes rencontrés en 2017 à Bamako. J’avais tourné cette petite vidéo en l’interrogeant sur son projet.

Je lui avais conseillé de poser la candidature de Kunafoni au prix francophone de l’innovation dans les médias. Hawa Togola Séméga décrochera le 2e prix en 2018. L’occasion de sa première visite à Paris et le souvenir d’un diner près des bureaux de Samsa à l’époque dans le quartier de la Bastille. Elle n’avait pas tout à fait prévu qu’il ferait aussi froid en France en cette fin de mois de mars.

Hawa Togola Séméga était aussi l’une des journalistes à l’origine de l’Association des Professionnels de la Presse en Ligne au Mali (APPEL Mali). Son combat: faire reconnaître les journalistes de la presse en ligne au même titre que les autres.

Mon dernier souvenir avec Hawa remonte au mois de décembre dernier. Nous devions tous les deux coanimer une conférence en ligne consacrée aux médias du Sahel et à leur situation dans cette période marquée par la montée des questions sécuritaires et la crise sanitaire du Covid. Une coupure d’électricité l’avait privée de ce débat auquel elle tenait. Un illustration des difficultés quotidienne que doivent surmonter celles et ceux qui veulent faire bouger les choses au sud du Sahara.

J’ai eu la chance d’être invité à diner chez Hawa et Tidiani lors d’un passage à Bamako. Souvenir joyeux d’une maison pleine de vie. 

Nos pensées vont vers lui et leurs enfants qui doivent maintenant affronter la douleur de l’absence.