Découvrez comment Samsa Africa fait bouger les lignes dans la lutte contre les violences sexuelles, les discriminations sexistes et tous les abus de pouvoir. Notre formation professionnelle innovante est destinée au secteur des médias et de la communication en Afrique. Cette formation est déjà mise en œuvre à Niamey (Niger), à Brazzaville (Congo) et à Bangui (Centrafrique). Elle s’appuie sur les techniques du théâtre-forum et contribue à la mise en place d’un cadre de travail sécurisant et inclusif. On vous explique comment.

Lancer certaines formations, c’est comme ouvrir une boîte de Pandore et permettre à la parole de circuler pour évoquer des situations jusque-là restées dans l’ombre. En s’attaquant à la question des violences sexuelles, des discriminations sexistes et, plus largement, aux abus de pouvoir, c’est parfois une véritable prise de conscience qui se réalise au cours de nos formations professionnelles à mesure que les mots des participantes (et des participants) parviennent à décrire les nombreuses petites humiliations ou agressions quotidiennes.

Dans les médias (en Afrique, comme ailleurs), le sujet a longtemps été tabou, c’est-à-dire non dit. On n’en parlait pas. Il ne venait d’ailleurs pas à l’idée des unes et des autres qu’il existait quelque chose de déplacé dans ces remarques de tous les jours sur le physique ou la tenue, dans ces compliments un peu trop appuyés, dans ces invitations trop insistantes. Certaines femmes trouvaient agaçant (mais pas plus) de se faire systématiquement couper la parole, ou de devoir intervenir en toute fin de réunion quand les participant·e·s commençaient à quitter la salle. D’autres ne trouvaient pas les mots pour dire les agressions verbales ou physiques dont elles étaient l’objet au détour d’un couloir ou à la faveur d’une heure tardive, quand il ne reste plus grand monde dans les bureaux.

Agressions, harcèlement, discriminations, abus de pouvoir ne sont pas propres aux rédactions ou au monde des médias, ni au monde de la culture en général ou à celui des ONG. Ils ne sont pas non plus spécifiques aux pays d’Afrique. Mais chaque métier, comme chaque pays, a ses propres codes et son contexte socioculturel spécifique.

Pour ne pas être dépendants des variations du code pénal d’un pays à l’autre, nous avons décidé de nous baser sur les définitions de crimes et délits sexuels définis dans le système des Nations unies, comme ici pour ONU Femmes. Il est alors possible de définir des notions comme le consentement, les violences basées sur le genre, la violence psychologique ou émotionnelle, le féminicide, le harcèlement sexuel, le viol ou encore la cyberintimidation ou le cyberharcèlement.

Les institutions internationales, et notamment le système des Nations unies, ont pris l’habitude d’utiliser de multiples termes et acronymes pour désigner les politiques de lutte contre ces agressions et violences. On parle de:VSS (violences sexuelles et sexistes)VBG (violences basées sur le genre), on parle aussi de Gender-Based ViolencePSEAH (Protection from Sexual Exploitation and Abuse and Sexual Harassment, Protection contre l’exploitation, les abus et le harcèlement sexuels)EAS (Exploitation et Atteintes Sexuelles) HS (Harcèlement sexuel, sexual harassment)

Chez Samsa Africa, nous avons décidé de prendre ce sujet à hauteur d’homme et de femme, en parlant de pair à pair, entre professionnel·le·s, sans donner de leçons, mais en accompagnant les équipes dans l’identification des attitudes et des comportements problématiques. L’objectif est de permettre des changements de comportement au terme de la formation.

Fidèles à notre philosophie, qui consiste à mettre les participant·e·s en action au cours de nos formations, nous avons élaboré un programme de formation qui comprend 4 étapes:

  • définition et compréhension collective du vocabulaire qui décrit les discriminations basées sur le genre, les agressions sexuelles et les abus de pouvoir de toute sorte
  • invitation des participant·e·s à rejouer certaines scènes de la vie professionnelle quotidienne (des scènes identifiées et écrites en amont avec les managers et les référents sur ces questions)
  • debriefing des scènes jouées en utilisant le vocabulaire exposé en début de session
  • identification des mécanismes d’alerte et de prise en charge des victimes au sein de l’organisation

Pour en savoir plus, le mieux est sans doute d’écouter notre formatrice, Sophie Ekoué, qui explique la démarche dans cette vidéo.

À Niamey, au Niger, la formation a été organisée pour un seul et même média: Studio Kalangou de la Fondation Hirondelle. Objectif : sensibiliser, partager un lexique commun, améliorer le système interne d’alerte et de prise en charge, et mettre en place des mesures préventives efficaces dans une optique de changement comportemental.

Le bilan a montré des résultats au-delà des attentes. Parmi les journalistes et professionnel·le·s des médias, les changements ont été réels. Voici quelques réactions recueillies au terme de la formation:

J’ai aimé la méthodologie. J’ai été édifié sur le choix des mots appropriés pour qualifier les faits et ne pas protéger les bourreaux. J’ai su comment réagir face au sexisme, au harcèlement et ne pas garder le silence. Le secours mutuel est important.


Le contenu est riche, les terminologies employés sont simplifiées et facilement assimilables.

Franchement, avec cette formation, j’ai compris beaucoup de choses sur comment travailler sans aucun complexe sur le lieu de travail… J’ai beaucoup aimé les explications sur les harcèlements en général…

Il y a des comportements, des manières de faire, que nous avons avec nos collègues et que nous devons plus avoir en tant que responsables.

Une autre formation professionnelle sur ces mêmes thèmes a été organisée à Brazzaville, au Congo, au bénéfice de journalistes de différentes rédactions. Dispensée par Samsa Africa à la demande de l’ambassade de France, elle a débouché sur des initiatives et des changements de pratiques porteurs de promesses d’évolutions de plus grande ampleur. 

Depuis la formation, la journaliste Aline France Etokabeka invite systématiquement un homme et une femme dans son émission. Une autre journaliste, Victoire Ombi, a lancé une websérie sur Facebook afin d’expliquer et de faire comprendre au public ce qu’est le sexisme, les stéréotypes, le harcèlement et les violences contre les femmes dans les médias (disponible ici https://fb.watch/jUZ5wmpidq/ ).

Une chronique a également été lancée par le journaliste Barthel Panzou sur TikTok concernant les questions de relations hommes/femmes.

En Centrafrique, c’est une équipe d’une centaine de personnes qui a été formée au sein de la radio Ndeke Luka de la Fondation Hirondelle. Dans le contexte particulièrement difficile d’un pays qui sort d’une longue période de guerre et qui est toujours en proie à l’instabilité et à la violence, la formation a permis de faire émerger des réalités douloureuses et de favoriser la prise de conscience de comportements individuels répréhensibles.

Au terme de cet article, il est important de souligner que la formation à elle seule ne peut rien si l’entreprise ou l’organisation ne se mobilise pas pour favoriser la prévention, pour accompagner les victimes et pour sanctionner les agresseurs. Notre travail, chez Samsa Africa, consiste donc également à accompagner les managers pour la mise en place de dispositifs efficaces (en amont de la formation) afin de permettre l’instauration d’un cadre de travail protecteur et inclusif pour toutes et pour toutes.

Dans d’autres contextes, en Europe, certains organismes de formation affichent des piments 🌶️🌶️ à côté des titres de leurs formations pour expliquer qu’elles risquent de remuer les participant·e·s et de faire vaciller leurs certitudes. Les formations que nous dispensons pour prévenir et lutter contre les discriminations sexistes, les agressions sexuelles et autres abus de pouvoirs font partie des formations très piquantes. Elles sont donc épicées et efficaces.